En plus du volume régulier de plaintes que le Conseil national des médias du Canada reçoit du public concernant les normes éditoriales du journalisme produit par nos organismes de presse membres, nous entendons également des personnes qui sont préoccupées par ce qu’elles considèrent comme une couverture insuffisante d’un sujet particulier, ou celles qui aimeraient voir une histoire spécifique apparaître dans les nouvelles.
Au cours de la semaine dernière, alors qu’un convoi de camions et d’autres manifestants se ruait sur Ottawa pour protester contre les restrictions liées à la COVID, le CNM a reçu et répondu à un déluge de plus de 350 plaintes de Canadiens inquiets. Nombre d’entre eux ont souligné leur inquiétude quant à l’absence de couverture médiatique du « Convoi de la liberté » et de son message en faveur de la suppression des obligations en matière de vaccination. D’autres ont également exprimé leur mécontentement quant au fait que leurs points de vue n’étaient pas reflétés de manière adéquate dans la couverture médiatique « grand public ».
Dans l’ensemble, la grande majorité des plaintes visaient des organismes de radiodiffusion et de télédiffusion, tels que CBC, CTV et Global News. Dans nos réponses, nous avons insisté sur trois points importants.
Tout d’abord, nous avons expliqué que les plaintes concernant les documents diffusés dans le cadre des actualités télévisées et radiophoniques sont traitées par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision. Nous tenons toutefois à préciser, aux fins de la présente communication, qu’il n’existe pas d’organisme de traitement des plaintes habilité à traiter les plaintes du public contre les sites Web de ce que l’on considère comme des organismes de radiodiffusion traditionnels.
Deuxièmement, le CNM a clarifié son mandat à l’égard des plaignants. Bien que nous accueillions volontiers les commentaires sur ce que le public considère comme des « problèmes émergents », notre organisation se concentre sur l’évaluation de plaintes spécifiques concernant des violations des normes journalistiques – telles que l’inexactitude et l’absence de possibilité de répondre à des déclarations préjudiciables – dans des articles d’actualité et d’opinion individuels et publiés.
Cela dit, à titre de clarification, nous avons expliqué aux plaignants que la question a été, et continue d’être, largement couverte à la fois par les médias et dans des articles d’opinion.
Troisièmement, nous avons souligné que le CNM ne dicte pas aux organismes de presse les sujets à couvrir. Conformément aux droits fondamentaux de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, le CNM soutient le point de vue selon lequel les décisions relatives aux informations à couvrir relèvent, à juste titre, de la compétence de chaque organisme de presse.
Plusieurs plaignants ont répondu à nos notes pour exprimer leur indignation quant à la couverture de la pandémie de la COVID-19 par les médias, et leur méfiance à l’égard des médias en général. Certains ont apprécié nos réponses, d’autres ont été moins que polis. Un individu nous a même envoyé une chanson pas sûre pour le travail (NSFW).
Alors que les plaintes, réelles et infondées, continuent d’affluer, cette expérience a permis de souligner le rôle important que joue la culture de l’information dans la démocratie canadienne.
En règle générale, les organismes de presse au Canada adhèrent à des normes journalistiques largement acceptées lorsqu’ils rapportent ou commentent les nouvelles. Nous reconnaissons que la pandémie a été un défi pour les journalistes à plusieurs niveaux, et les organismes de presse ont relevé le défi de traiter des informations qui évoluent rapidement, des données complexes et des perspectives parfois contradictoires.
Ce qui est un défi, bien sûr, c’est que l’établissement d’une relation de confiance avec les lecteurs, dans les sphères publiques analogiques et numériques, est un exercice difficile et de longue haleine. Nous y parvenons par le biais de plusieurs actions, notamment en reconnaissant toujours respectueusement le mécontentement des plaintes, même lorsque la rhétorique passe à la vitesse supérieure, et en essayant de mieux comprendre les préoccupations des lecteurs sur la toile de fond des normes journalistiques largement acceptées.